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Mompou, Federico

Né à Barcelone de mère française et père catalan, rattaché à Paris — sa terre de formation et sa patrie d’adoption pendant de longues périodes — Frederic Mompou est sans doute le compositeur le plus représentatif de l’histoire de la musique catalane. Bien que d’autres compositeurs nés aussi en Catalogne comme Albeniz et Granados l’aient précédé dans la notoriété internationale, Mompou est pourtant celui qui donnera à l’âme de la musique catalane une réelle projection universelle (Albeniz s’identifiant davantage à l’Andalousie et Granados au caractère madrilène). Mais, comme le dit Vladimir Jankélévitch*, « Mompou n’a jamais prétendu être un folkloriste ; mais il aime et utilise le chant populaire, le chant populaire catalan, et parfois aussi il le réinvente ; il est lui-même l’âme chantante de la Catalogne ». Né la même année que le célèbre peintre Joan Miró et le grand poète catalan Carles Riba, le nom de Mompou s’inscrit dans le mouvement de Renaissance Catalane qui depuis Verdaguer (1845-1902) donnera des figures aussi significatives que Gaudí, Dalí ou Casals. Mais, si Mompou refuse d’être un folkloriste, il rejette aussi l’appellation de compositeur : « J’ai toujours protesté lorsque l’on m’appelle compositeur — m’écrivait-il il y a quelques années — Je ne suis pas un compositeur; je ne veux pas être un compositeur. Je crois, tout simplement, que je suis une musique, une musique dont je suis convaincu que ce n’est pas moi qui la fais, car j’ai toujours la sensation qu’elle vient en moi de dehors ». Pour Mompou, l’essentiel est d’obtenir « la plus grande force expressive avec le maximum de simplicité et d’économie de moyens, ainsi que le retour à un primitivisme pour exposer l’idée musicale nue et pure ». Comment un être aussi intuitif a t-il pu composer une œuvre aussi vaste dont l’intégrale pour piano représente l’un des apports les plus singuliers et considérables du répertoire pianistique du 20e siècle ? « Le mystère de Mompou — reprenant encore Jankélévitch — nous fuit dès qu’on essaie de l’étiqueter ou de le rattacher à des catégories réflexibles. Mais on peut percevoir cette voix sensible et inimitable, qui est la voix même du silence... Ce que veut Mompou, à la recherche de la solitude sonore c’est atteindre le point inattingible où la musique est devenue la voix même du silence, où le silence lui-même s’est fait musique ».