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Auric, Georges

(15 février 1899 - 23 juillet 1983)

Georges Auric est né à Lodève en 1899. Il fit ses études au Conservatoire de Paris, puis, à la Schola Cantorum avec Vincent d’Indy, et entra dans l’histoire de la musique dès sa vingtième année sous le pavillon du Groupe des Six, à la seconde époque des Ballets Russes de Diaghilev. Mais dès l’âge de quinze ans, il avait fait chanter ses mélodies à la Société Nationale. C’est un des hommes les plus intelligents et les plus cultivés du milieu musical, un véritable humaniste. Son art a de la pudeur et de l’objectivité; mais l’artiste est plus passionné qu’il n’accepte de le montrer, ainsi que le prouve la ligne de son évolution. Pendant une première période, au côté de Francis Poulenc, il sacrifie à l’esthétique impertinente du Groupe des Six et à celle du «Coq et l’Arlequin» de Jean Cocteau : parenté avec Chabrier, Messager et Satie ; sens aigu de cocasse et de l’acide ; invention mélodique claire et craquante ; langage clair et dépouillé ; harmonie franche, sèche et drue ; inspiration populaire et distinction aristocratique ; volonté de ne pas tomber dans le sublime et d’avoir l’air de ne pas se prendre au sérieux ; goût de la pirouette, voire de la grimace, entre Couperin et Dada. Dans une seconde tendance, il s’est dégagé de l’esprit du Groupe des Six et se laisse aller à une nature, à un tempérament qui paraissent être les siens en profondeur. Il s’exprime alors avec ampleur, sans retenue, proclamant une esthétique de force, de vigueur, d’affirmation, de certitude, de sérieux, et même de grandeur et d’intensité tragique, dont l’impulsion est digne d’un Strauss, dont le langage est musclé comme chez un Roussel et dont la rythmique a des raffinements et des violences stravinskiennes. Totalement anticonformiste dans le domaine esthétique, il poursuivit une carrière des plus officielles sur le plan marginal : président de la S.A.C.E.M. depuis 1954, puis Président d'Honneur en 1979, administrateur général de la réunion des théâtres lyriques nationaux (1962-1968) et élu à l’Institut de France (1962). Claude Rostand