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Ropartz, Guy

Fils d'un grand avocat breton, passionné par la culture et l'archéologie de cette région particulièrement originale, Joseph-Guy Ropartz, né en 1864, mena jusqu'à la licence en droit une carrière de fort en thème, cumulant les prix dans toutes les matières. Mais ses deux passions profondes étaient la poésie et la musique. Il choisit la musique et définit ainsi qui la pratique : « Un musicien qui possède un métier ne doit avoir d'autres lois que son bon plaisir, sa sincérité et sa passion… » Cet homme du grand ouest a défendu puis promu la musique française aux marches de l'Est : Directeur du conservatoire de Nancy avant 1914, de celui de Strasbourg après 1918. Dans ces postes, il se montre rigoureux pédagogue, remarquable organisateur, excellent chef d'orchestre toujours prêt, quels que soient les risques d'incompréhension, à produire des œuvres d'avant-garde : de Chausson et Magnard, par exemple. Comme la plupart de ses contemporains, il fut formé par Théodore Dubois et Massenet, marqué et inspiré par Franck. Très vite toutefois, il affirme son originalité et son indépendance, dès sa Fantaisie en ré pour orchestre écrite en 1894. Sa Bretagne l'inspire : Les Landes, Le Dimanche breton sont des titres évocateurs. Sa foi religieuse aussi, source d'un nombre considérable de créations, dont, parmi les plus importantes, le Psaume CXXXVI pour chœur, orgue et orchestre, dédié à Gabriel Fauré, méditation tragique à la suite de la mort d'un fils, âgé de deux ans. De même que par la longévité, Ropartz est comparable à Florent Schmitt par l'ampleur et la variété de sa production. Par son attachement à sa terre, il n'est pas sans rappeler Déodat de Séverac. Mais il est chez lui un robuste amour de la vie qui se combine étrangement avec une rigoureuse sinon austère ferveur religieuse. Joseph-Guy Ropartz dont les dernières photographies font songer à un prophète biblique fut avant tout un missionnaire de la musique de son temps et de son pays, des valeurs artistiques et spirituelles auxquelles il croyait profondément.

Philippe Lethel