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Darasse, Xavier

Né en 1934 à Toulouse dans une famille musicienne (sa mère était organiste), le compositeur français Xavier Darasse est prématurément décédé en novembre 1992. Sa vie comme son œuvre ont profondément porté l’empreinte de l’orgue, sous toutes ses acceptions, des plus concrètes au plus abstraites.

Etre élève quatorze années au Conservatoire de Paris peut sembler bien long. Mais Xavier Darasse avait alors déjà commencé ses activités professionnelles : concertiste international (autant préoccupé de facture d’orgue que des sources musicales originales), producteur à RadioFrance, et responsable d’institutions culturelles.

Attentif à séculariser son instrument et à n’en plus faire le succédané de l’orchestre symphonique, Xavier Darasse a écouté l’orgue de façon nouvelle. Il y privilégia le souffle (continu ou interrompu), le discours articulé (l’importance du toucher et de l’articulation digitale), et les registres et couleurs (l’héritage de son professeur d’analyse, Olivier Messiaen).

Pour tous ces motifs, il n’est pas usurpé de dire que Xavier Darasse a humanisé l’orgue. Cette démarche lui fut constante. Seul notable changement : un grave accident de la route en 1976 a brisé sa carrière de concertiste. Dans un langage intact, les priorités s’inversèrent alors : l’orgue s’effaca peu à peu derrière la voix humaine. Là où dans Organum I la voix était abstraitement présente par le souffle et l’articulation, dans A propos d’Orphée I (qui marque le début de la « nouvelle manière » de Xavier Darasse) elle devint centrale : « A propos d’Orphée est une sorte d’opéra minuscule avec l’essentiel : une voix, un instrument (lesquels se mêlent jusqu’à se confondre) ».

Mais ce qui unit toute l’œuvre de Xavier Darasse est une volubilité digitale, un sens aigu de la captation de l’instant (donc de l’improvisation et de la spontanéité), et une oreille timbrique fonctionnant par empilements de hauteurs et de registres, et dans laquelle s’impose alors une figure emblématique : l’arpège. Dénominateur commun entre accords et linéarité, il fut le lieu idéal où Xavier Darasse affronta le champ harmonique, omniprésent dans toutes ses esquisses et source unique de chacune de ses œuvres.

Hormis ce que révèle son opéra inachevé, nous ne saurons rien d’autre sur ce vers quoi tout son souffle le dirigeait : la voix humaine.

Frank LANGLOIS