Compositeur et chef d’orchestre français né à Sainte-Savine (Aube) en 1933.
Dès la fin de ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris avec le pianiste Yves Nat et le chef d’orchestre Louis Fourestier, Yves Prin affirme un double profil et mène de front un parcours tout à fait classique en honorant le répertoire.
Sa rencontre avec Bruno Maderna en 1968 à Darmstadt constituera un choc décisif : il devient son assistant au Mozarteum de Salzbourg de 1968 à 1969, et cette proximité avec le maestro italien le décidera à s’investir dans la création contemporaine.
Chef invité des Concerts Lamoureux, de la Résidence de La Haye et de Haarlem aux Pays-Bas de 1969 à 1973.
Directeur musical de l’Orchestre Philharmonique des Pays de la Loire de 1970 à 1973. Il dirige les œuvres d’un nombre impressionnant de compositeurs : Ravel, Debussy, Stravinsky, Messiaen, Xenakis, Lutoslawski, Donatoni, Berio, Stockhausen, Penderecki, Varèse, Maderna.
Directeur Musical de l’Atelier Lyrique du Rhin et chef invité de l’ensemble Itinéraire de 1974 à 1980.
Directeur Musical du Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio France de 1981 à 1983. Producteur à Radio France (1984-1991) des séries successives de musique contemporaine : Musique au Présent, Musiques en Perspectives, Musiques du XXe Siècle. Délégué artistique puis Directeur du Festival Présences (1992 à 1999).
Sous l’impulsion de Maderna, Yves Prin livre de nouvelles œuvres dont Au souffle d’une voix pour soprano et orchestre, puis l'oratorio Hymnus 68, la série des Mobiles, Éphémères pour violon et orchestre. Dans ces œuvres, le sérialisme n’est pas utilisé de façon systématique, mais plutôt pour s’affranchir de la tonalité et de la polytonalité. Il dirige alors nombre de premières mondiales (Boucourechliev, Aperghis, Mâche, Essyad, Levinas, Méfano, Hersant) et collabore avec les metteurs en scène Claude Régy, Pierre Barrat, Michael Lonsdale, Christian Schiaretti.
En 1978, il suit à l'IRCAM de Pierre Boulez le 1er stage de formation aux technologies modernes et à la recherche, afin de se familiariser avec la synthèse du son par ordinateur.
La composition reprend le pas sur la direction d’orchestre et le besoin de sortir du sérialisme se fait sentir. Il écrit Dioscures d’après un texte de Michel Tournier qui marque, par une affinité profonde avec un « lyrisme-pointilliste », un véritable tournant et le début de sa deuxième période (1977-1986). Suivront Le Souffle d’Iris concerto pour flûte et orchestre,La Barque quatuor à cordes, In Praise of Flight concerto pour piano et orchestre, Cinq Haïkaï pour piano.
Sa troisième période, à partir de 1998, affirme la prépondérance d’une dramaturgie en musique liée à l'émotion induite par un argument littéraire ou poétique. Naissent les premiers cycles de mélodies sur des poèmes de Silvina Ocampo: De Amor desesperado, Jean- Pierre Siméon : Les Amants, Pablo Neruda : Cuatro sonetos de amor et les Sirandanes créoles d’inspiration traditionnelle. Suivront 5 autres cycles de mélodies, des musiques de scène, des musicodrames, des œuvres pédagogiques ainsi qu'un opéra: Seta, d’après le roman d’Alessandro Baricco.
Ses œuvres connaissent une audience internationale : Le Souffle d’Iris, concerto pour flûte, est créé à Sofia, La Barque, quatuor à cordes, est donné à Ottawa, In Praise of Flight, concerto pour piano, à South Bend (USA) et à Berlin. Mobile 3 est joué à Barcelone et à Cologne, Mobile 4c à Bucarest et à Lisbonne, Mobile 4b à New-York au MoMA. De Amor desesperado est donné à la Juilliard School, Éphémères, Capriccio pour violon, à Moscou dans la prestigieuse Bolchoï Zal du Conservatoire Tchaïkovski, Tango-Fusion à Buenos Aires; Cinq Haïkaï à Kyoto, Cuatro sonetos de amor à Tachkent.
Yves Prin reçoit en 1997 le Prix Florent-Schmitt de l’Académie des Beaux-Arts. Il est Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
Photo : © Patricia Dietzi