Né en 1910, Jacques Chailley a toujours vécu dans un milieu fortement musical. Si orgue, piano, violon et alto furent ses instruments familiaux, ses compositeurs de prédilection furent à l'origine Victoria, Bach et Franck. Mais ce qui le marqua à tout jamais fut la civilisation médiévale : il en admira très tôt la haute spiritualité et la totale cohérence, sans oublier son expression musicale majeure, le plain-chant. La suffisance mélodique propre à la musique de Jacques Chailley y trouve sa source.
Phénomène rare à son époque, Jacques Chailley mena conjointement des études musicales (dans et hors du Conservatoire de Paris) et universitaires. Conjointement à son œuvre musical qui depuis 1980 l’occupe à nouveau presque exclusivement, tout à la fois il enseigna (notamment à la Sorbonne) et fut fort actif dans les institutions musicales nationales (Ministère de la Culture, C.N.R.S., Conservatoire de Paris, Schola Cantorum, Société Française de Musicologie, ...).
La recherche de constantes dans la création musicale depuis les premiers âges de l’humanité a conduit Jacques Chailley à combattre les diverses avant-gardes qui selon lui s'attribuent trop exclusivement le label de "musiques contemporaines". Il leur oppose l’exemple d’Arthur Honegger, dont la présence musicale et humaine l’anime toujours.
Déniant à tout système, quelqu’il soit, « le pouvoir d’orienter la création musicale », Jacques Chailley dit n’avoir confiance qu’en la seule oreille musicale. « Devant l’actuel effondrement des diktats musicaux, l’avenir me donne raison. J'ai confiance en lui pour ma musique et celles qui suivent la même voie qu'elle ».
Frank LANGLOIS