No results

Ferrari, Luc

Né à Paris en 1929, Luc Ferrari avait tout pour être un honorable sérialiste selon Darmstadt : de sérieuses études de piano (avec Cortot), de composition (avec Honegger) et d’analyse musicale (avec Messiaen). Mais une rencontre fondatrice avec Varèse en 1954 à New-York puis avec Schaeffer, la réalisation d’émissions radiophoniques et télévisuelles, et la responsabilité – temporaire – d’enseignements, d’institutions culturelles ou de groupes musicaux (entre 1982 et 1994, La Muse en Circuit, studio de composition électro-acoustique et de création radiophonique) l’ont mené à des chemins singuliers.

Sans rigoureusement aucun postulat théorique naturel ou recherché, Ferrari avoue deux « fixations » surgies dès ses premières œuvres abouties, au milieu des années 1950 : une écriture musicale « répétitive ou cyclique » et « basée sur un récit ou une narration ». Bien avant la musique répétitive, Ferrari a mis en place des structures compositionnelles, certes répétitives mais qui toutes dérapent. Avec son cortège de hasard, de jeu et d’écart face à la norme et aux us, l’accident est au cœur de sa musique. En outre, Ferrari a constaté : « Mon immersion dans la vie sociale crée en moi des accumulations de mémoire. Se met alors en place une sorte de narration diffuse grâce à laquelle je construis spontanément des formes équilibrées et par laquelle j’ai une sensation du temps musical parfaitement naturelle ».

Mais sa musique ne se résume pas à ce cadre formel. Dès ses débuts, il a ouvert son invention musicale à deux univers quasi-vierges qui lui permettent de toucher intimement chaque auditeur : les technologies nouvelles et une certaine idée de la psychanalyse. Aussi ses réflexions sur le corps – social et humain – et sur le sexe constituent-elles « un véritable acte philosophique » traité non pas en philosophe mais en musicien joueur et ironique.

L’œuvre de Ferrari est donc partagé entre la réalisation de « sons mémorisés » (des œuvres réalisées dans les studios des plus éminentes radios européennes) et de partitions dans lesquelles la voix – effective ou imaginaire – se (le) dévoilent sans fard et sans système.

Frank Langlois