Benjamin Attahir sait gratifier les plus grands musiciens de notre temps de partitions immédiatement reconnues comme des chefs d'oeuvre intemporels. Pour en témoigner, retrouvez en avant-première d'un florilège de créations ce mois-ci notre entretien exclusif avec Jean-Guihen Queyras, interprète, on s'en souvient, de Al Icha, le concerto pour violoncelle dont le souvenir reste vivace auprès de ses premiers auditeurs.
La découverte des dernières productions de l'atelier du compositeur commencera ce mois-ci le 11 février à la Philharmonie de Paris avec la création mondiale de O Pescador e a Lua pièce pour soprano et orchestre de chambre (l'Orchestre national de Picardie en sera le créateur) basée sur un texte (imaginé par la soprano Raquel Camarinha, qui créera l'oeuvre) s’inspirant de la culture portugaise et de ses contes.
On ne se quitte jamais vraiment
Quand le ressac couvre le battement
De ton cœur qui prend la mer
Et moi qui reste dans cet éther
Mon âme dissoute devenue eau
L’eau de ta bouche l’eau de tes yeux
Je l’entends attendre
Cet enfant contre ton ventre
Tu le berces d’histoires
De navires d’ivoire
De lunes au centre
Courbe du ciel
Que nous regardions les soirs
De satellites artificiels
Je l’entends attendre
Au beau milieu de l’océan
Ce bateau qui dit adieu
Au solitaire néant
Des jours sans vœux
Sans feux
Nés de tes lèvres
Sans nœuds
Nés de nos fièvres
Je l’entends attendre
Sur la pointe des pieds
La danse de nos doigts liés
Déliés discordes
Reliés des cordes
Que l’on nomme Temps
On ne se quitte vraiment jamais
Benjamin Attahir - Ô pescador e a lua
pour soprano & orchestre
Création mondiale : 11 février 2022 - Philharmonie de Paris (Cité de la Musique)
Orchestre de Picardie
Raquel Camarinha, soprano
Michaël Cousteau,direction
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Elle se poursuivra le 17 février à la Boulez Saal de Berlin avec la première allemande de La Femme fendue, présentée par le violon de Renaud Capuçon et la voix de Martina Gedeck sur le texte de Lancelot Hamelin (dans une version allemande).
Benjamin Attahir - La Femme fendue
pour voix & violon
Création allemande : 17 février 2022 - Boulez saal (Berlin)
Renaud Capuçon, violon
Martina Gedeck, voix
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Et se concluera enfin, last but not least, par le très attendu Concerto pour piano Khatoun wahidoun en création le 26 février à la Halle aux Grains, sous les doigts magiques de Bertrand Chamayou (avec qui le compositeur avait déjà eu la chance de travailler lors de la reprise de son premier concerto pour piano Al Fajr : une « merveilleuse rencontre à la fois musicale et humaine au cours de laquelle j’ai pu mesurer l’étendue de sa palette expressive et sonore ainsi que l’époustouflante virtuosité qu’il déploie sur le clavier, le tout dans une immense générosité » - Benjamin Attahir) et la baguette non moins étincelante du jeune Thomas Guggeis à la tête d'un Orchestre national du Capitole de Toulouse que le monde entier envie à la métropole occitane.
Par cette pièce, Benjamin Attahir a souhaité, selon ses propos, « continuer son exploration du 'concerto monodique' : un parcours d'un seul trait, d'une seule ligne. La tension est d’autant plus stimulante que le piano est un instrument d’essence polyphonique. Ici, jamais deux marteaux ne mettent des cordes en vibration simultanément. L’orchestre est entièrement issu de cet unique continuum, dont il se fait tour à tour caisse de résonance, commentateur et interlocuteur. Le genre concertant est ici quelque peu détourné par la nature même du projet musical ; en place d’un concerto, il s’agirait plutôt d’une symphonie concertante, très dense, comme ramassée sur elle-même. Du son du piano découle la sonorité de l’orchestre, sorte d’extension de son timbre. Ainsi, tous participent à cette même voix, à ce chemin, étroit, sinueux. »
Benjamin Attahir - Khatoun wahidoun
Concerto pour piano
Création mondiale: 26 février 2022 - Halles aux grains (Toulouse)
Orchestre national du Capitole de Toulouse
Bertrand Chamayou, piano
Thomas Guggeis, direction
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