Philippe Manoury signe une nouvelle œuvre commandée par l’Opéra de Cologne, dont la création mondiale est prévue le 27 juin 2025, un Thinkspiel mis en scène par Nicolas Stemann avec le chœur de l’opéra et l’orchestre Gürzenich dirigé par Peter Rundel, Die letzten Tage der Menschheit (Les derniers jours de l’humanité), s’appuyant sur un livret écrit par Philippe Manoury lui-même, Patrick Hahn et Nicolas Stemann, d’après une tragédie composée entre 1915 et 1919 par le satiriste et polémiste viennois Karl Kraus.
Die letzten Tage der Menschheit (Les derniers jours de l’humanité) décrit la fin d’un monde miné par des guerres interminables. Divisé en 5 actes (chacun correspondant aux 5 années de la première guerre mondiale), avec prologue et épilogue, cet ouvrage de plus de 700 pages était, selon les dires de son auteur, une pièce de théâtre non pour les humains, mais pour la planète Mars. Il n’y a pas de personnages principaux dans cette tragédie, mais une multitude de situations, sans nécessairement de continuité. Le réalisme, la satire, le comique, le tragique, les invectives politiques y côtoient le fantastique et l’Apocalypse.
Ce Thinkspiel est en deux grandes parties, séparées par un entracte. La première partie respecte la chronologie de la pièce de Kraus, car on y trouve un Prologue et les 5 actes, de façon très condensée. Il a évidemment fallu rétrécir énormément les dimensions de ce livre qui, sinon, auraient exigé un spectacle de plus de 24 heures ! Lors de la seconde partie du Thinkspiel, divisée en 4 tableaux, nous quittons l’univers historique de Kraus pour nous placer dans un présent/futur jamais déterminé. Seule l’idée de la guerre éternelle fait le lien entre ces deux parties. Plus l’œuvre progresse vers sa fin, plus elle retourne à Karl Kraus, mais le Kraus visionnaire mêlant situations surnaturelles, animaux, nature, et images apocalyptiques.
Les chanteurs et acteurs n’auront pas de caractères particuliers, mais incarneront une multitude de personnages, comme dans le livre de Kraus. Cependant un personnage qui n’existe pas dans le livre a été inventé. Il va traverser toutes les époques : l’Angelus Novus, d’après le tableau de Paul Klee qui a inspiré à Walter Benjamin, qui l’avait acheté, la figure de l’ange de l’histoire. À la fois messager, témoin, Juif errant (Ahasvérus), il assiste, impuissant, à la disparition de l’humanité en proie à sa propre folie de destruction.
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Photo: Oper Köln / Teresa Rothwangl