Partenaire des autres arts depuis la Grèce antique jusqu'aux studios de Bollywood et d'Hollywood en passant par les salons italiens de la Renaissance devenus aujourd'hui maisons d'opéra de Sydney à New York, la musique est devenue en 2020 plus que jamais affaire d'images et de formes en mouvement, alors qu'elle a dû dans le même temps s'absenter de la scène pendant de longs mois cette année.
L'actualité, dense, de créations innovantes à l'écran inspirées par nos répertoires et nos compositeurs, en écho à des traditions, celles du cinéma muet, du dessin animé, de la série télévisuelle, que la fascination de notre époque pour l'image nous permet de redécouvrir avec des yeux (et des oreilles) neufs : tout nous incite à vous inviter à découvrir, chaque mois à partir d'aujourd'hui, les initiatives les plus remarquables.
Nous commençons dès ce mois-ci par la découverte d'une initiative du service public audiovisuel.
Prélude à une Faunothèque :
France Musique et le site Lumni lancent « La Faunothèque », une série « animale et musicale » en douze épisodes de 5 minutes : véritable parcours initiatique à la musique, animé par la pianiste Célimène Daudet, cette série inédite, mêlant images réelles et animées, a pour ambition de transmettre à nos enfants (et à leurs parents) les éléments essentiels d’une œuvre musicale. C'est avec joie que les Éditions Durand Salabert Eschig se sont associées à cette formidable entreprise par la présence de pas moins d'un tiers de la musique originale de la série issu de leurs répertoires. Vous y reconnaîtrez « Le Cygne » et « Tortues », extraits du Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns, « Poissons d’or », extrait des Images pour piano de Claude Debussy, la plus rare « Danse de la chèvre » d'Arthur Honegger, et extraits de ses fantasques Éphémères, « Le Canard » et « Une fourmi » de Philippe Hersant.
Camille Saint-Saëns :
On n'est pas surpris de trouver dans ce programme de festivités visuelles, de correspondances entre dessin et photographie, couleurs et harmonies, le nom de Camille Saint-Saëns : après tout, le compositeur dont on fêtera l'année prochaine le centenaire de la disparition, n'est-il pas « l'auteur » du générique des marches du Festival de Cannes ?
Mais aussi, bien entendu, le premier compositeur de musique de film de l'histoire (dès 1908) et une constante inspiration pour un cinéaste de la stature de Terence Malick. Dans l'univers du dessin animé, on sait en outre que le prologue, merveilleux, d'Alan Menken pour « La Belle et la Bête » (Disney Studios) lui doit beaucoup.
Claude Debussy :
On doit aux mêmes studios Disney un dessin animé sur « Le Clair de lune » de Claude Debussy dès 1940 (diffusé... cinquante ans plus tard cependant), avant que la modernité hollywoodienne ne fasse du compositeur un « classique » de ses bandes son : Wes Anderson dans « The Darjeeling Limited », Steven Soderbergh dans « Ocean's Eleven », mais aussi le jeune Baz Luhrmann de « Moulin Rouge » pour une publicité Chanel.
Arthur Honegger :
La cause est moins entendue pour les deux autres compositeurs de la série. Alors que Arthur Honegger a toujours été considéré par ses contemporains (de Abel Gance à Marcel Pagnol) comme un « homme de l'image », on ne lui connaît pas de collaborations notables avec le monde du dessin animé.
Philippe Hersant :
Idem pour Philippe Hersant, chez qui on retrouve le génie mélodique et le sens équilibré de la forme de la grande école symphonique française, et dont les escapades dans le monde du cinéma se limitent à des collaborations, de tout premier ordre cependant, avec Nicolas Philibert notamment pour le merveilleux « Être et Avoir » dans lequel nous retrouvons ses « Ephémères ».
Rendez-vous donc sur le site de France Musique et sur lumni.fr ainsi que dans l'émission de Denisa Kerschova, « Allegretto » (consacrée aux jeunes publics le mercredi à 11h).
Photos :
Camille Saint-Saëns © BNF
Claude Debussy © DR
Arthur Honegger © DR
Philippe Hersant © Cathy Bistour
Films Saint-Saëns :
Terrence Malik - « Les Moissons du ciel » (1978)
André Calmettes - « L'Assassinat du duc de Guise » (1908)
Gary Trousdale et Kirk Wise - « La belle et la Bête » (1992)
Films Debussy :
Sam Armstrong (Walt Disney productions) - « Clair de lune » (1940 et sortie en 1996)
Wes Anderson - « The Darjeeling Limited » (2007)
Steven Soderbergh - « Ocean's Eleven » (2001)
James Kent - « Cœurs ennemis » (2019)
Films Honegger :
Abel Gance - « Napoléon » (1927)
Raymond Bernard - « Les Misérables » (1934)
Abel Gance - « Le Capitaine Fracasse » (1943)
Pierre Chenal - « Crime et Châtiment » (1935)