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L’Ensemble intercontemporain au festival digital «Après, demain » - Théâtre du Châtelet

L’Ensemble intercontemporain au festival digital «Après, demain » - Théâtre du Châtelet

En résonance avec les formations symphoniques de Radio France, qui avaient repris le chemin de la scène à l'Auditorium dès juin, et avec l'Orchestre de Paris de retour à la Philharmonie ces derniers jours, l'Ensemble intercontemporain de Matthias Pintscher fait lui aussi sa rentrée post-confinement dans un lieu prestigieux de Paris.

 

Fidèle à la modernité volontariste de sa directrice artistique Ruth Mackenzie, le Théâtre du Châtelet, plus que jamais scène "centrale" de la capitale, propose depuis le 2 juillet dernier son premier festival digital "Après, demain", moment pluridisciplinaire qui conjugue prospective et création.

 

L'Ensemble ne pouvait rêver meilleur contexte pour le feu d'artifice imaginé par son directeur musical, pas moins de vingt premières mondiales commanditées ces dernières semaines à des compositeurs comme Hèctor Parra, Philippe Manoury ou Joan Magrané-Figuera. Retrouvez vendredi 10 juillet à 20h sur vos écrans ce qui s'annonce d'ores et déjà comme un acte fondateur de l'après-demain de la composition, en cette année décidément historique.

 

 

Suivez le live ce vendredi 10 juillet 2020 à 20h en cliquant ici : 

Philippe ManouryTrois miniatures pour flûte, célesta et quatuor à cordes

Ces trois petites miniatures écrites pour la talentueuse Emmanuelle Ophèle, accompagnée par un célesta et un quatuor à cordes, résonnent comme trois petites boîtes à musique qui s'ouvrent sur des univers différents. Si j'ai voulu que le caractère propre change d'une pièce à l'autre, j'ai cherché à toutes les unifier par la présence de petits mécanismes répétitifs dans chacune d'elles. C'est en ce sens que j'évoque les boîtes à musique. La première pièce est d'un esprit volubile et capricieux. Dans le "Lamento" central, la flûte développe une lente mélopée sur un fond sonore dépouillé et obsédant. Quant au final, il se sert de matériaux puisés dans Saccades, mon concerto pour flûte, et tout particulièrement d'un court motif que j'ai emprunté (mais aussitôt restitué !) à Daphnis et Chloé de Maurice Ravel. 

 

Hèctor Parra - L'Étoile matinale pour trompette, contrebasse, hautbois et piano

Le 27 mai dernier, j'ai reçu une proposition de l'Ensemble intercontemporain pour écrire une pièce qui serait créée un mois plus tard au Théâtre du Châtelet, avec 19 autres œuvres écrites par des compositeurs chers à l'ensemble. Ainsi, l'écriture de L'Étoile matinale a été pour moi une expérience extrêmement énergisante et transformatrice au cœur d'une crise sanitaire qui nous a isolés pendant des mois et qui a frappé durement nos familles, tant émotionnellement que physiquement. Ainsi, la proposition d'écriture et de création immédiate avec mes amis de l'Ensemble intercontemporain a été pour moi comme un ballon d'oxygène à l'intérieur d'une chambre étroite où respirer était de plus en plus difficile.

 

Actuellement je travaille sur un vaste projet conçu en étroite complicité avec la pianiste Carmen Martínez-Pierret autour des 23 constellations de Joan Miró. Vers fin la mai je me préparais à attaquer la 6e constellation L'Étoile matinale, l'une des plus emblématiques et expressives de la série. J'ai donc décidé d'explorer cette gouache peinte en 1940 lors de son exil à Varengeville en Normandie juste avant l'invasion nazie d'abord dans cette version pour quatre instruments, puis dans sa version à quatre mains pour piano à intégrer dans le cycle des 23.

 

Mon écriture pour la trompette de Clément Saunier et pour la contrebasse de Nicolas Crosse, après un début percutant et nerveux en contrepoint avec le chantant hautbois de Philippe Grauvogel et les denses harmonies pianistiques de Hidéki Nagano a rapidement pris des accents spasmodiques, tragiques et monstrueux, poussant ces instruments à l'extrême, inspirés par les deux monstres reptiliens, agressifs et urticants avec lesquels Miró a expié ses peurs et les horreurs vécues en Catalogne au début de la guerre civile espagnole. À son tour, Miró anticipe dans ce tableau et dans d'autres tableaux de la même époque des moments encore plus difficiles et tragiques qui viendront avec l'invasion nazie de l'Europe. Mais en se concentrant sur son art et, en quelque sorte, en s’évadant de la dure réalité qu'il vit, avec ses Constellations Miró parvient à apprivoiser ces monstres grâce aux brillantes vibrations de couleur qui les emprisonnent, initiant ainsi un nouvel art dans la seconde moitié du XXe siècle.

 

Grand amateur de musique contemporaine et ami proche d'Edgar Varèse, Joan Miró a profondément admiré l’œuvre de Pierre Boulez ainsi que son travail de création avec Le Domaine musical, pour lequel il a réalisé plusieurs affiches formidables. De cette façon, je ressens une émotion très spéciale en voyant ses brillants successeurs de l'Ensemble intercontemporain donner vie avec tant de passion et d'implication à une écriture musicale directement inspirée de l’œuvre de l'admiré artiste catalan et universel.

 

 

Joan Magrané-Figuera -  Intérieur hollandais I pour clarinette, alto et harpe :

Pour l'écriture de ce petit trio, Intérieur hollandais I, je me suis amusé à jouer avec le titre d’un projet d'un élan plus large que je compose actuellement pour l’Ensemble intercontemporain : Intérieur. Ce titre évoque en effet la condition de confinement que nous avons été obligé de vivre jour après jour ces derniers mois mais aussi la série de tableaux homonymes d’un grand artiste, Joan Miró, qui a travaillé pendant des années dans les environs de ma ville natale où j’ai par ailleurs passé cette période. Intérieur hollandais I est le titre complet de mon œuvre car ces tableaux de Miró sont une sorte de révision surréaliste de peintures hollandaises du XVIIe siècle...

 

 

 

 

 

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