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Hèctor Parra,

Hèctor Parra, "Inscape"

Quelques années après l'œuvre fondatrice de leur collaboration, Caressant l'Horizon, le compositeur Hèctor Parra et l'astrophysicien Jean-Pierre Luminet présente le nouveau fruit de leur dialogue fertile. Avec Inscape, la fameuse salle de concerts catalane se transformera en espace d'expérience cosmologique via un dispositif associant un orchestre symphonique et les solistes diffractés d'un ensemble instrumental. Le traitement sonore via l'électronique Ircam, où Hèctor Parra a longtemps été professeur associé, achèvera de faire de ce nouvel opus d'une des associations art-science les plus productives de notre époque un moment fort de la saison 2017-18.

 

« Inscape, pour ensemble de 16 solistes, grand orchestre et électronique, de plus de 30 minutes de durée, développera un voyage psychoacoustique aux limites du monde connu pour plonger virtuellement dans un univers qui est bien au-delà de notre expérience sensorielle. Ainsi, nous allons entreprendre un voyage utopique à travers un trou noir géant tel que nous décrit le physicien Jean-Pierre Luminet, spécialiste mondial en trous noirs et physique relativiste, et avec qui nous collaborons activement dans ce projet.

Tout commence donc, une fois les yeux fermés, dans un monde sonore fait de petits bits de son, presque vocaux, où les chuchotements du public, les sons instrumentaux et le propre espace physique forment un ensemble cohérent et organique. Un espace-temps plat où le développement de la vie et de la conscience est possible. Mais peu à peu, la puissance croissante de l’orchestre et des solistes instrumentaux, activée par une électronique progressivement de plus en plus développée, nous propulse à des zones de très forte énergie, qui déforment la perception de l'espace-temps musical, transformant la fragilité du début en énergie rugueuse et déformée. Alors il est temps de plonger dans l'horizon des événements du trou noir acoustique en rotation. On est traversé par des puissantes ondes gravitationnelles, ici faites littéralement de son électronique. Son spectre et sa densité changeante bat au rythme de la compression spectrale et de la spatialisation qui transforme la perception de l'espace physique de la salle, qui se dilate et se rétracte de manière cyclique tout en suivant le rythme de ces ondes. Mais tout en survivant à cette expérience extrême, nous sommes conduits finalement à un nouvel univers, à travers le trou de ver annulaire que nous traversons sans être endommagés par la gravité incroyablement puissante ici.

Comment sera ce nouveau paradis que nous ne pouvons explorer, à ce jour, qu’avec une musique qui est en train de s’écrire ? Serions-nous nous-mêmes, comme l’ont suggéré quelques physiciens actuels, la projection holographique d'une réalité plus profonde qui est codée dans les confins de l'univers ? Serons-nous seulement l'ombre des chuchotements que nous avons entendu au début de la pièce ?»

Hèctor Parra (Janvier 2017)

«L’astre qui fut lumière est devenu obscur, silencieux, insondable. Trou noir, entonnoir des enfers froids. Une fois franchi son horizon, c’est la chute sans fin vers un centre sans fond. Mêlés, intervertis, le temps et l'espace se percutent en se resserrant. L'état premier du monde se vaporise en grains élémentaires entrelacés. Que deviennent la matière, l’énergie, les ondes qui tombent? Y a-t-il un fond, un point final de chute, singularité écrasante? Or il ne peut y avoir de fin absolue. Un jaillissement inépuisable, voilà le seul fruit possible. Au fond du trou noir s’ouvre alors un tunnel, raccourci débouchant ailleurs dans notre univers, ou même dans d’autres univers. Quand toute borne s’évanouit dans les deux sens, il n’est plus de remède au vertige. De nouveaux univers mûrissent, succulents et pleins. Un big bang n’est autre qu’un moment où se produit le renversement. Dès lors la métamorphose des mondes est plus rapide qu’on ne pense. Au sortir de la matrice quantique, les bébés univers sont doués de formes inimaginables. L’ignorant les croit plates, la nature épaissit ses rondeurs. Et de plus en plus largement l’espace s'étend, en expansion, toujours en expansion, au delà, encore et à jamais au delà. Le ciel, débordant d’énergie sombre, devient effrayant de transparence.»

Jean-Pierre Luminet (Janvier 2017)

 

Commande de l’Orquestra simfònica de Barcelona i nacional de Catalunya, l’Ensemble Intercontemporain, l’IRCAM - Centre Pompidou, l’Orchestre National de Lille et le Gürzenich-Orchester Köln

Dates de concert

19, 20 mai 2018 - Ensemble Intercontemporain et l’Orquestra Simfònica de Barcelona i Nacional de Catalunya , Temporada de l'OBC-Auditori, Barcelone

14 juin 2018 - Ensemble Intercontemporain et l'Orchestre national de Lille, direction Alexandre Bloch, Philharmonie de Paris - Cité de la Musique, Paris

16 juin 2018 - Ensemble Intercontemporain et l'Orchestre national de Lille, direction Alexandre Bloch, Auditorium du Nouveau Siècle, Lille

16, 17 & 18 décembre 2018 - Gürzenich-Orchester Köln, direction François-Xavier Roth, Kölner Philharmonie, Cologne

 

 Site internet du compositeur➡️http://www.hectorparra.net/catalogue/orchestra/

Photo © Alain Riazuelo
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