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Martin Matalon - « Las siete vidas de un gato »

Martin Matalon - « Las siete vidas de un gato »

La composition de Las siete vidas de un gato (les sept vies d’un chat), contrepoint musical à Un Chien andalou, est le second « commentaire cinématographique » de Martin Matalon. Il suit immédiatement Metropolis.

L’annihilation de tout élément narratif du film de Buñuel a permis au compositeur une relation d’une grande liberté avec l’image. La partition suit sa logique propre. Malgré son autonomie par-rapport à ce qui se passe sur l’écran, il existe un certain nombre d’interférences entre elle et le film : l’ajout, à l’extrême densité de cette œuvre cinématographique très brève, d’une densité musicale équivalente ; le ton général de l’œuvre, suggéré par la crudité, l’ironie et l’irrationalité des images; enfin, l’adoption par la musique du montage très rapide dont la plupart des plans ne dépasse pas les 3 ou 4 secondes

La partition débute par une sorte de cortège défilant en cahotant sur des polyrythmes. Ponctué quasi militairement par la caisse claire et dans le grouillement des percussions, il est mené par un violon scandant la marche de glissandi, par une trompette coassante et par un violoncelle répétant un objet avec l’obstination d’un disque rayé. Isolés dans la trame polyrythmique, aucun des instruments ne paraît écouter l’autre et semblent fixés dans quelque geste élémentaire et obsessionnel. Le piano, qui traverse le cortège en diagonale, est quant à lui libre de toute contrainte rythmique, ce qui lui confère un caractère sauvage et irrationnel.

Cette surdité mutuelle, cet autisme instrumental se résolvent bien vite dans leur contraire. L’espace acoustique s’ouvre soudainement, les instruments se livrent à des imitations, à des jeux d’échos circulaires qui en révèlent toute la mesure, reflets innombrables d’un même objet, jusqu’à la confusion et l’éblouissement.

La marche en avant de l’œuvre ne connaît pas de répit. Le flux rythmique est maintenant capté par une « suite de danses » et par des solos instrumentaux. Un tango caustique et une valse acide sont le théâtre d’une surenchère, tant dans les formes, soumises à une activité collective considérable, que dans l’expression qui atteint la saturation. Les « personnages » de Buñuel sont hors narration, hors temps, hors psychologie. Par contraste, « ceux » de Martin Matalon sont comme des « précipités » : violon chaviré, trompette histrionique, clarinette prolixe… La scansion et la trépidation rythmiques vont jusqu’à la surchauffe. Après une brève intervention des instruments résonnants, la pièce finit en se « dégonflant » dans une brusque chute de tension.

Pascal Ianco

Martin Matalon - Las siete vidas de un gato
Pour 8 instruments et électronique
Création mondiale : 1996
Centro de Cultura Contemporanea de Barcelona
Ensemble Barcelona 216
Ernest Martnez-Izquierdo, direction

Date à venir : 

Martin Matalon - Las siete vidas de un gato - Annulé
Pour 8 instruments et électronique
5 mars 2021
Philharmonie de Paris (Cité de la Musique)
Ensemble intercontemporain
Mariano Chiacchiarini, direction
Informations...

Consulter la partition en cliquant ici : 

Écouter un extrait de l'œuvre : 

 

Écouter un entretien réalisé par l'Ircam en 1999 avec Martin Matalon à propos de cette œuvre : 

 
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