Baptiste Trotignon, In Petroleum Veritas
« Pétrole …
Le terme au premier abord peut ne pas susciter l’enthousiasme spontané , quand on sait bien entendu les ravages qu’il cause sur notre petite planète Terre, mais j’ai trouvé intéressante la réflexion sur l’énergie qu’il sous-entend, le déploiement et la violence qu’il suscite chez les hommes pouvant être mise en rapport avec la violence en musique, celle qui est source de créativité et d’invention, d’excitation musicale aussi: de Beethoven à Bartok pour la musique européenne ou de Parker à Coltrane dans le jazz ( ou tout simplement dans le rock ), l’expression sans concession d’une émotion intense - qui ne peut se manifester autrement que par un cri - a toujours bousculé les hommes et finalement alimenté avec bonheur de nombreux courants artistiques.
En parallèle, l’écriture pour deux pianos permet d’avoir à portée de crayon une palette sonore très riche où justement les coups d’éclats et autres violences motoriques sont plus aisés à manoeuvrer que pour piano seul car les charges sont réparties entre 2 pianistes, et les possibilités deviennent alors très orchestrales et passionnantes pour le compositeur .
J’ai eu envie également dans cette pièce de m’inspirer parfois des modes de jeu pianistiques que l’on trouve chez un contemporain comme Philip Glass, d’une part à titre d’exercice personnel car cette répétition de certains motifs et leur petite histoire obsédante me parle, mais aussi parce-que la musique de Glass elle même est souvent sujette à polémique, entre un public qui l’adule pour sa modernité et sa simplicité, et une critique qui lui reproche ses facilités . Ambivalence des sentiments…
Enfin le titre « In Petroleum Veritas » est évidemment un clin d’oeil au monde du vin et de l’oenologie, où le sublime - qui peut nous faire vibrer d’émotion - peut côtoyer le pire ! , et j’ai donc modestement essayé de faire dialoguer dans le développement de la pièce des moments d’émotion très retenus avec des intentions plus terriennes et brutales, mais quand même toujours dans l’idée d’une certaine euphorie au final , notamment dans le final . »
Baptiste TROTIGNON, avril 2017
Création mondiale, France
In Petroleum Veritas
Pour deux pianos
11 mars 2018, Guidel
Commande de Nathalie Darche & Carine Llobet
dans le cadre du festival RÉEL/MENT au Pays de Lorient
Piano, Nathalie Darche & Carine Llobet