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Musique(s) & Image(s) - Francis Poulenc

Musique(s) & Image(s) - Francis Poulenc

Poulenc, le travail du compositeur :

Le festival de Cannes (qui aura lieu cette année du 17 au 28 mai prochains) n'est pas qu'un haut lieu du cinéma : il a également directement influencé l'histoire de la musique et de ses compositeurs - comme un certain Francis Poulenc, qui s'y rendra en 1955 pour les célèbres « Cahiers du Cinéma ». Bien que passionné par les autres arts, notamment le 7e d'entre eux, et auteur de plusieurs bandes originales, Poulenc ne sera jamais considéré comme un "compositeur de musique de film". Cependant, comme l'écrit Jérôme Rossi, Poulenc « n’en a pas moins participé de manière significative et remarquée à l’émergence d’une tradition de la musique française de film que l’on pourrait ainsi caractériser : prédilection pour les instrumentations légères, refus du pléonasme musical, diversité stylistique, amour de la mélodie populaire. »  Qu'on en juge plutôt :

 

Dans La Duchesse de Langeais (1942), célèbre adaptation de Balzac par Giraudoux, excusez du peu, la star française du moment, Edwige Feuillère incarne la duchesse, une reine des salons parisiens qui finit par renoncer aux hommes et à s’en remettre à Dieu. L'auteur des Litanies à la Vierge noire, « moine et voyou » selon l’expression bien connue de Claude Rostand, ne pouvait que faire merveille dans son premier long-métrage : valses, mazurkas, mais aussi une célèbre romance qu'il orchestre et arrange, sont autant de matériaux « populaires » que Poulenc façonne à sa manière pour conférer ici de la profondeur à l'image, là de la tension dramatique.

 

Après Honoré de Balzac c'est un autre grand auteur, Jean Anouilh, que Poulenc va servir à l'écran. La plus célèbre pièce du dramaturge français, Le Voyageur sans bagage, sera adaptée au cinéma à la Libération, occasion pour Poulenc de composer une partition « sérieuse » (comme cela convient à une « Pièce noire » !), avec force effets harmoniques et techniques contrapuntiques. 

Du troisième long-métrage pour lequel Poulenc a composé la bande originale (Le voyage en Amérique, un film de 1951 avec Yvonne Printemps, muse du compositeur comme l'attestent les célébrissimes Chemins de l'Amour publiés chez Eschig, et Pierre Fresnay), seule la musique de L’embarquement pour Cythère, valse musette pour deux pianos, nous est connue (elle est transcrite dans le film pour deux pianos et accordéon, instrumentation choisie par Poulenc pour toute la BO, fait rarissime !):

 

Rien de tel, pour conclure notre périple à la découverte d'un Poulenc méconnu, que d'embarquer à notre tour avec un fin connaisseur du compositeur, le pianiste Alexandre Tharaud, interprète magique d'une des plus réjouissantes escapades phonographiques ces dernières années : une Valse particulièrement soyeuse de Poulenc,  redécouverte par le musicologue Nicolas Southon dont on connait et apprécie tant les mérites. Mettez foulards et chapeaux, le voyage commence !

 

Photos :
Francis Poulenc © DR

Affiches :
Le Voyageur sans bagage (1944)
Jean Anouilh

La Duchesse de Langeais (1942)
Jacques de Baroncelli

Le Voyage en Amérique (1952)
Henri Lavorel

Couverture : 

La Valse (des Musiques de soie)
Francis Poulenc
© Editions Salabert 

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