Eschig

Max Eschig

Les Éditions Max Eschig furent fondées à Paris en 1907 par un immigrant d’origine tchèque, Max Eschig (1872-1927) qui commença à introduire en France plusieurs éditeurs étrangers, principalement d’Europe centrale. Les premières activités éditoriales de la firme consistèrent à distribuer en France des adaptations françaises d’opérettes du répertoire viennois telles que La Veuve joyeuse de Lehár.

Le catalogue Max Eschig est entièrement consacré à la musique du XXe siècle et fut enrichi à la fois par l’acquisition des fonds Demets et La Sirène musicale et, plus récemment par une fusion avec le catalogue Amphion (Dutilleux Première Symphonie, Boulez Sonatine flûte et piano, Sonate n°1 pour piano et des ouvrages d’Amy, Constant, Ohana, Manoury).

Le domaine musical couvert par Max Eschig est très étendu. Il comprend la musique française avec Satie (Socrate, La Belle Excentrique), Koechlin (Le Livre de la Jungle, Les Heures persanes, Le Docteur Fabricius), Tournemire (les huit symphonies), les premières œuvres de Ravel (Pavane pour une infante défunte, Jeux d’eau, Miroirs), Milhaud (en particulier les ballets Le Bœuf sur le toit et La Création du monde) et de nombreuses œuvres d’Honegger, Poulenc, Sauguet etc.

La musique espagnole et latino-américaine constitue une autre orientation importante du catalogue. Manuel de Falla fut le premier compositeur d’importance à être intégré au répertoire de la société avec l’opéra La Vida Breve et l’œuvre concertante Noches en los Jardines de España pour piano et orchestre. Au nombre des autres compositeurs espagnols publiés par Eschig, figurent Albéniz, Nin, Turina, Mompou et Ernesto Halffter.

En 1924, un jeune compositeur brésilien nommé Villa-Lobos prit contact avec Max Eschig. Il s’agissait d’un personnage audacieux, plein d’originalité et d’imagination et qui souhaitait donner au Brésil une musique sérieuse fusionnant les traits spécifiques de la musique populaire de son pays avec les fondements techniques de la tradition européenne. Max Eschig est le principal éditeur de ce formidable compositeur, célèbre pour ses œuvres pour guitare, toutes publiées par la compagnie.

Ce répertoire instrumental, néanmoins, ne doit cependant pas nous cacher la riche production de ce compositeur dans les domaines de la musique de chambre et la musique symphonique, comme la très originale série des douze Choros au parfum très brésilien, les luxuriants poèmes symphoniques inspirés par les légendes amazoniennes Amazonas, Erosão et Genesis ou les trois dernières Bachianas Brasileiras (nos 7, 8, 9), toutes œuvres appartenant au catalogue Eschig. Ce fut le début de l’intégration de nombreux compositeurs latino-américains du Brésil, du Mexique, du Guatemala, de l’Argentine, du Chili ou de Cuba, comme le célèbre guitariste et compositeur Leo Brouwer. Dès la fin des années vingt, la guitare devint un instrument particulièrement bien représenté au sein du catalogue avec la Bibliothèque d’œuvres anciennes et modernes d’Emilio Pujol.

Enfin, l’ouverture du catalogue Eschig en direction la musique d’Europe centrale et orientale, peut-être reliée aux origines du fondateur de la firme. Eschig a publié des compositeurs polonais comme Szymanowski (ses dernières compositions comme le ballet Harnasie, le Second Concerto pour violon, la Symphonie concertante) et la plupart des œuvres d’Alexandre Tansman (Sabbatai Zevi, Stèle in memoriam Igor Stravinsky), ainsi que les œuvres du roumain Marcel Mihalovici, du tchèque Bohuslav Martinu (Concerto pour hautbois), le russe Alexandre Tcherepnine et le hongrois Tibor Harsányi.

Récemment, dans les années quatre-vingt dix, cet aspect international du catalogue a été renforcé avec l’introduction de nouveaux compositeurs comme l’espagnol Joan Guinjoan (Trama, Concerto n° 1 pour piano), le coréen Sukhi Kang (Concerto pour piano, Cantata Peace on the Brilliant Green Earth), l’argentin Martin Matalon (Metropolis, Las Siete vidas de un gato), l’américain Joshua Fineberg (Origins, Empreintes), l’anglais Adrian Williams (Dies Irae, Quatuor à cordes n° 2), le polonais Piotr Moss (Fresque, Le Cirque de Giuseppe) et le libanais Bechara El-Khoury (Méditation poétique pour violon et orchestre, Requiem).

C’est pourquoi il est possible de dire que le catalogue Eschig reflète un état d’esprit, celui de rester à l’écoute de la musique du monde.

Les Éditions Max Eschig furent achetées en 1987 par Durand.